L'Enfer ça aurait pu être les autres.




L'Enfer, orchestré d'une main de fer par Henri-Georges Clouzot, aurait pu être un chef-d'oeuvre du cinéma français.

Aurait pu, parce qu'en réalité cette petite merveille n'a jamais vu le jour ou plutôt l'obscurité des salles de ciné.

En effet, le projet est étouffé dans l'oeuf et le tournage de l'Enfer (le bien nommé) semble maudit.
Débuté en 1964, il vire vite à la catastrophe : équipe poussée à bout par le perfectionnisme extrême du maître, désaccords entre les acteurs, incidents techniques, son acteur principal qui se fait la malle et cerise sur le pudding, un petit infarctus de Mr Clouzot.
Résultat : 3 semaines de tournage et un budget ahurissant qui nous laissent quand même des scènes à couper le souffle.

Clouzot, venant de perdre son ex-femme s'inspire de sa relation avec cette dernière pour réaliser l'Enfer (Merci pour elle).
Le film en question, met en scène le cauchemar psychotique de Marcel, interprété par Serge Reggiani, tenancier d'un petit hôtel en contrebas d'un viaduc. En proie à une jalousie paranoïaque, il se met à traquer sa femme, l'envoûtante Romy Schneider (Odette).

Dany Carrel, joue la vénéneuse Marylou, aguicheuse de première et meilleure amie d'Odette.
Martineau (Jean-Claude Bercq), le garagiste playboy vient pimenter le tableau.




La sublime Romy Schneider en Enfer. 



Véritable entreprise expérimentale, Clouzot puise dans la cinétique et l'art optique, pour réaliser une oeuvre à l'esthétisme léché et sulfureux.
Le film est tourné en alternance de scènes noir et blanc/couleurs : les scènes achromes se référant à la réalité et celles aux couleurs invraisemblables et acides, au maboulisme délirium de Marcel. Effectivement, le film se veut être une plongée dans la tête dérangée de cet homme fou (à lier) amoureux de sa femme. A grand renfort d'effets psychédéliques (usage de l'héliophore - une lumière tournante- maquillage boule disco, effet kaléidoscope etc.) et d'une bande-son ingénieuse (qui n'est pas d'origine) il nous est permis de nous enfoncer dans les fantasmes cauchemardesques du personnage.




Marcel et ses hallucinations.



Nous devons l'exhumation de ces fragments de grand cinéma à Serge Bromberg et Ruxandra Medrea, qui avec l'aval de la veuve Clouzot (merci Ines), nous restituent avec génie ce qu'aurait pu être ce film. Bérénice Béjo et Jacques Gamblin prêtent leur voix à Odette et Marcel.


Et pour ceux qui en veulent toujours plus, presque 3h de rushes :



Le film-documentaire de Bromberg est splendide malgré quelques passages d'interview un tantinet longs... Mais quand même, courez l'acheter/l'emprunter/le louer (rayez la mention inutile).


Coradote.





0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

 

Blogger news

Blogroll

Translate